La catastrophe de Beaubray

Marne marnières et fours à chaux (autrefois en région de Breteuil)


il y eu pendant des siècles de nombreux puis d'extraction de Marne sur le territoire de la commune de Beaubray.

Le plus important site fut longtemps celui des ventes Mauxes ou les marnières étaient exploitées par la famille BlancVillain . La dernière marnières de Beaubray semble avoir été celle du hameau de la verrerie, exploitée par F. Renault.

Il se produisit en mai 1837 un accident dans la marnières des Ventes Mauxes qui eut un très grand retentissement. Voici in extenso le rapport qu'en fit alors le maire de la commune Pierre Chéron : (archives de l'Eure)

""L'an 1837 le jeudi onzième jour du mois de mai nous soussigné Pierre Chéron maire de la commune de Beaubray ...

étant ce jourd'hui au marché de Conches, nous avons été informé par la voix publique qu'un événement extraordinaire avait eu lieu aujourd'hui sur les dix heures du matin en notre commune au hameau des Ventes-Mauxes, en la marnière du nommé Thomas Blanvillain propriétaire, que les nommés Louis Laîné et Jean Baptiste Blanvillain se sont trouvés engloutis sous les décombres de cette marnière, lorsqu'ils y étaient descendus pour travailler.

Monsieur le juqe de paix du canton ayant été comme moi instruit de cet événement a de suite commandé la gendarmerie et nous nous sommes de suite transportés sur les lieux accompagnés de Mr le brigadier et d'un gendarme.

Là étant nous avons examiné et nous avons aperçu que l'oeil de la manière était écroulé dans son intérieur et qu'il continuait encore à chaque instant et il était impossible de pouvoir y travailler sans être exposé au danger.

Nous avons trouvé les nommés Jean Baptiste Eudes, Charles Périer, habitants de notre commune et Jacques Laubertin de la commune du Chesne qui avaient commencé à percer un autre oeil de marnière à une distance d'environ 8 mètres de l'ancien, à l'endroit que l'on a présumé être le plus solide et qui pourrait arriver à la chambre où ces malheureux infortunés pouvaient s'être réfugiés.

Nous avons de suite requis et envoyé chercher les ouvriers marnerons que nous connaissons dans notre commune et en celle du Chesne pour venir seconder les travaux entrepris et ils se sont rendus à notre invitation et l'on a continué le travail de jour et de nuit.

Le douze, monsieur le procureur du roi, Monsieur Robillard ingénieur en chef des Mines sont arrivés, après avoir examiné ils ont avisé plusieurs moyens pour travailler à l'ancienne marnière (puits effondré) afin d'arriver plus promptement à leur secours.

Mais les éboulements qui arrivaient de temps à autre présentaient des dangers.

Le 13 cette marnière paraissait annoncer plus de sécurité et l'on y a encore descendu ayant avisé un autre moyen mais tout à coup il a parti un écroulement et il a fallu remonter précipitemment l'ouvrier qui y était et qui a été légèrement blessé.

L'on a entièrement abandonné cette marnière mais l'on a continué les 14, 15, et 16 et nous n'avonss pas désemparé sans nous faire remplacer par l'adjoint, afin de maintenir le bon ordre et de faire approvisionner les ouvriers de vivres, outils et autres unstensiles nécessaires pour l'exécution du travail.

Le 17 à huit heures et demie du matin le nommé Louis Gence, travaillant à son tour de rôle est parvenu à faire la découverte de Blanvillain que l'on entendait depuis un jour et a crié " les voilà ".

Aussitôt Mr Vivien médecin à Conches, Mr Baudry médecin à Evreux ont descendu pour leur procurer du secours.

Jean Baptiste Eudes, Louis Vacher, Charles Périer ont descendu pour aider et chercher Louis Laîné qui était écarté d'environ 14 mètres de l'ouverture et on les a retirés avec tous les soins possibles et transportés chez la femme de Louis Duval, proche voisine de l'endroit où on les a déposés dans des lits préparés pour les recevoir en présence de Mr le préfet de l'Eure et des autorités constituées.

On les croit sans danger après avoir passé six jours entiers sans avoir pris aucun aliment.

Louis Laîné âgé de 72 ans était dans de grande faiblesse, Jean Baptiste Blanvillain âgé de 15 ans était encore plus vivant, mais d'après tous les soins qui leur ont été procurés par Mr Vivien Baudry et Roché, médecins appelés à ce sujet nous croyons que leur position n'est pas en danger.

Nous avons remarqué que les sieurs Jean Baptiste Eudes, Louis Vacher, François Franchet, Charles Périer et Louis Lerot, tous de Beaubray et Jacques Laubertin, Louis Gence de la commune du Chesne, Mr Rémond gendarme à Conches n'ont pas désemparé et ont prouvé tous les traits de courage et d'humanité que l'on doit à son semblable.

Mr Palyart intendant de Mr le Comte Roy et d'Albon a par humanité fourni tous les bois nécessaires pour ce travail et a envoyé de ses ouvriers pour seconder les travaux"".



Ce sauvetage inespéré fit grand bruit à l'époque, le ministre de l'intérieur fut tenu informé et la Presse s'en fit amplement l'écho. Hélas tous les accidents de marnière ne se conclurent pas de manière aussi satisfaisante et nombreuses furent autrefois les victimes ensevelies sous des tonnes de roche auxquelles on ne put porter secours.



Autres sauvetages miraculeux

Les personnes ensevelies sous des éboulements, dans les mines où les puits, furent nombreuses autrefois.
L'affaire la plus célèbre qui eut un immense retentissement au siècle dernier fut celle du puisatier lyonnais Dufavet qui resta, en 1836, bloqué à 20 mètres sous terre pendant 14 jours et qui finalement fut sauvé.

Plus près de nous. un événement analogue se produisit à Burey , près de Conches en 1877, où un malheureux puisatier du nom de Prévost dut attendre 20 jours à 25 mètres de profondeur qu'on vienne le secourir.
Mais à la différence des marnerons Blanvillain et Laîné, ces deux puisatiers purent rapidement être ravitaillés en nourriture, ce qui leur permit de faire preuve de patience !

D'après les recherches de Monsieur B.LIZOT

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