La forêt pittoresque et folklorique

La ligne Vedie, dont le prolongement Conchois est la rue Olry Roederer, se révèle être la plus longue sur le territoire de Beaubray et probablement l'une des plus belles par la diversité de son tracé.

Voici de nombreuses décennies elle était bordée d'arbres superbes, véritables marmentaux dont les troncs étaient ceinturés des initiales de générations d'amoureux. Une partie de la faune animale, écureuils, hiboux, mustélidés de tous poils se réfugiaient dans les failles de ces troncs et souvent les nids d'abeilles voisinaient dans un creux voisin.

Il était agréable de parcourir cette allée et ses semblables pour la diversité de leur aspect en toutes saisons. A partir du printemps et de l'été les frondaisons des géants de la forêt ne laissaient percer que deci delà les rayons dorés du soleil, mais par contre, elles étaient remplies du bavardage de toute la gent ailée de notre région.

Pendant l'automne c'était la présentation d'un kaléidoscope vraiment féérique avec ce changement permanent du manteau de la forêt dans ses teintes et couleurs. Dans leur présentation hivernale ces allées gardaient tout leur charme principalement par temps de neige. Les hautes cîmes garnies de givre étincelant sous le soleil, étaient en elles-mêmes tout un spectacle, et les bruits ne se propageaient sous les taillis que feutrés par le matelas neigeux. Toute vie végétale était ralentie, et quant aux animaux sauvages ils étaient abrités au plus profond des halliers pendant cette période.

villageois (cliquez pour agrandir)

Quittons un peu ces allées rectilignes pour musarder dans la vallée du Lesme. Discréte sous la végétation, cette vallée sinueuse était à cette époque très contrastée dans son parcours. Elle était à la belle saison , riante et ensoleillée avec toute la flore qui agrémentait ses pentes . Les genêts, joncs-marins, églantiers, digitales chêvrefeuilles etc... rivalisaient dans leur épanouissement annuel.

Par contre de grandes portions de ce vallonnement jugées inexploitables étaient couvertes de broussailles et d'épineux. C'était le royaume de légions de lapins et le refuge incontesté de tous les fauves.

En ce début de siècle, les soirs de tempête, les bûcherons ne traversaient pas ces lieux sauvages et rébarbatifs sans quelques frissons et munis d'une arme de défense car la peur du loup hantait toujours les esprits. La dernière présence de loups en forêt de Conches n'était certes pas très éloignée (188O).

A cette occasion, je vais vous citer une anecdote plaisante, relative aux loups. Un habitant de la commune racontait à qui voulait bien l'entendre que les loups avaient poursuivi et dévoré son baudet là-bas sur la côte blanche, ce qui était plausible; mais son voisin , paysan matois et rusé donnait dans le patois du cru une toute autre version: "Mon gars si t'veux ben m'en crère, c'est pas les loups qu'on maqué son bourri, mê cé quasiment sur qu'c'est ly qui la joué p'y perdu aux dominos l'jour d'la foir ed Conches."

Et voilà, c'est de cette façon que naissent les légendes.

On ne peut pas quitter la vallée sans rappeler que c'est à l'intersection de la route de Ste Marguerite de l'Autel - Beaubray avec le Lesme que se trouvait le hêtre "Pain de Sucre". Cet arbre vénérable, plusieurs fois centenaire devait son nom à sa forme cônique semblable à la matière moulée du même nom. Il est malheureusement disparu pendant la sécheresse de 1976.

Dans le contexte de l'époque les riverains de l'ensemble forestier utilisaient les produits de la forêt suivant les saisons, framboises, champignons, chataîgnes, etc... Le prélévement de gibier qui pullulait dans les bois était considéré lorsqu'il en était besoin comme une compensation aux dégâts qu'il occasionnait dans les récoltes de chacun.

tableau de chasse (cliquez pour agrandir)

Il était aussi naturel de trucider un lièvre (pardon un yeuv !) que d'égorger une volaille dans une basse cour, et dans cet ordre d'idée, les vergers à l'orée de la forêt étaient plus courtisés les soirs de pleine lune qu'une jeune fille un jour de bal.

De cet état de fait il résultait souvent des aventures cocasses comme celle-ci :

"Là bas dans la fieffe du Coudray les animaux de la forêt dévoraient à belles dents la récolte de pommes destinées au cidre familial.
Devant cette évidence le propriétaire du verger dépêcha d'urgence deux volontaires pour remédier à ce désastre. S'étant installés dos à dos sur la maîtresse branche d'un arbre, nos deux amis surveillaient les abords avec la ferme intention d'en découdre à la première apparition des chapardeurs. La douceur d'un soir d'automne et l'égrénement des heures amenèrent l'un des compagnons à ronfler à poing fermé. C'était bien sûr l'instant choisi par les amateurs de fruits pour venir grapiller sous l'arbre. A cet instant réveillé un peu brusquement par son camarade notre homme perd l'équilibre, et va s'épancher dans un fracas de branches brisées sur l'herbe de la prairie. Lequel des deux antagonistes fut le plus effrayé, nul ne le sut jamais."

Ce qu'il faut retenir de ce récit c'est l'âpreté avec laquelle les habitants riverains de la forêt défendaient les récoltes très modestes de leurs lopins de terre et aussi leurs facultés à tirer le meilleur parti possible des ressources que la forêt toute proche leur offrait.

A parcourir également :

L'histoire de la forêt
La chasse
La forêt de nos jours

La meute (cliquez pour agrandir)

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