d'après les recherches de A. DUBOSC

Il existait depuis le moyen age jusqu'au remembrement du vingtième siècle, un réseau de chemins communaux qui avaient vocation de desservir tant les habitations, que les surfaces cultivables très morcelées de part leur origine et leur nature .
Ils étaient désignés sous le nom de chemins verts, mais plus souvent par l'indication de sentes pour les plus étroits .
En dehors de leur utilité, ils avaient un charme certain par la diversité de leur aspect, verts pendant la saison d'été, parsemés de fleurs des champs qui ondulaient sous le souffle du vent, ombragés en de nombreux endroits par le feuillage d'arbres plusieurs fois centenaires .
Dans les ornières creusées par les charrois s'abritait souvent des rigueurs des saisons toute la forme sauvage de ces lieux .
L'hiver, les herbes sèches de ces parcours prenaient une teinte argentée sous les morsures du givre .
Ces chemins avaient souvent des noms en rapport avec les lieux traversés ou bien avec leur configuration .
Voyez plutôt ?
Le chemin de Tout Vents faisant suite au chemin du Martot . Il reliait Conches à Breteuil sur Iton par le hameau des Bordeaux, l'ancien bois de la Pépinière, le Clos Vallet, la Ventelle, les Ventes Mauxes et Breteuil sur Iton, car à cette époque la départementale Conches - Breteuil bien rectiligne n'existait pas .
Une sente au nom imagé de sente à pied et à cheval (un mètre de largeur) partait de la rue du Long Bois à hauteur du n°9 par le Coudray pour rejoindre l'église .
Le chemin du Puit de la Ballonniére partait de la rue de l'église vers les Ventes Mauxes par le Bouquetard .
Ce puit garde une sinistre réputation, car il fut comblé par des cadavres au 16eme siècle .
S'agissait-il de la suppression d'un premier cimetière, de la conséquence de la grande épidémie de peste de cette époque ou d'une péripétie des guerres de religion ?
Le chemin du Trou Gaillard partant de l'église vers Villeneuve .

Le chemin de Mare Sansoure ou de Cissey partant de la rue de Villeneuve vers le hameau deFrileuse au Chesne .
L'Allée Saint Sauveur . Elle partait du manoir des Minières vers l'église de Nagel Seez Mesnil par la ferme de Fourneaux . Cette allée était bordée d'une haie de charmille de grande taille . Sur son parcours était située la Chapelle Saint Sauveur à l'intersection avec le chemin du Martot .
La sente de Poligny partant du hameau des Ventes Mauxes à hauteur du n°10 vers le hameau de Poligny .
Le chemin des Ventes Mauxes partant du n°1 au n°3 de l'actuelle rue des Ventes Mauxes .
La sente des Grès : partant du n°16 de la rue des Grès vers le n°12 de la rue de Villeneuve .
La sente des Londettes partant à hauteur du n°10 de la rue de Villeneuve vers le n°16 de la rue du Long Bois .
La sente des Guilbardières partant au sud du n°44 de la Verrerie pour traverser l'actuel lotissement à hauteur des n°24 et 21 pour se terminer à l'arrière du n°1 de la Verrerie au Cornet .
Le chemin du fossé Nivelette partant à l'ouest du n°1de la Verrerie par la ferme des Minières vers le Coudray .
La sente des Minières partant de la ferme des Minières vers l'église par l'arrière de la salle des Polyvalente .
La sente de la Vallée partant à l'arrière du n°16 de la rue de la Verrerie, elle traversait la rue de la Croix du Friche à hauteur du n°4 pour rejoindre le chemin du fossé Nivelette .
Le chemin de la Verrerie partant de la rue de la Verrerie à proximité de l'emplacement des anciens fours de la Verrerie par la haute Epine, le gros chêne vers le Cornet .
La sente de la Brêche des Houx partant du n°2 de la rue du Coudray, elle traversait le chemin du fossé Nivelette et la sente des Minières pour rejoindre la sente du Moulin à Vent à l'emplacement probable du moulin .
La sente du Moulin à Vent partant du manoir d'Houssemagne à Nagel Seez Mesnil, elle traversait le chemin de Nagel Seez Mesnil à Beaubray à l'ouest du hameau des Bordeaux pour rejoindre la rue du Moulin à Vent à hauteur du n°4 .Le moulin était situé au nord de cette habitation : il fut crée vers 1650 par le vicomte Jean-Baptiste de Postel .
La sente de tout Vents partant du manoir du Colombier vers la Mare d'Acey au Chesne par le Clos Vallet .
Le chemin du Long Buisson partant de la ferme de la Ventelle vers la Mare d'Ancy au Chesne .
Le chemin de la sente au Loup partant du chemin du Long Buisson au Hameau de Poligny .
Ce réseau important de sentiers et chemins était indispensable aux déplacements pédestres des habitants et aux morcellements des cultures .

Pour les gens de condition modeste, ces chemins étaient une aubaine qui leur permettait de nourrir lapins, chèvres et souvent vaches laitières sur les reliefs en herbe des sentiers .
Après le remembrement de 1960 ne devaient subsister que 6 chemins ruraux jugés indispensables pour les exploitations agricoles .
En dehors de ces chemins verts existaient les chemins empierrés d'une longueur totale de 25 kilomètres .
Des carrières étaient ouvertes en permanence pour combler les innombrables nids de poules qui se formaient à profusion sur leur parcours .
Cet état de fait ne devait disparaître que dans la moitié du 20eme siècle par les revêtements de bitume généralisés sur le réseau .
L'eau étant indispensable à la vie, il faut décrire les ressources disponibles sur la commune de Beaubray pendant le 19eme siècle et la moitié du 20eme siècle .
Les quelques puits creusés à cette période n'avaient qu'un débit insignifiant . par contre le sol argileux du Pays d'Ouche était favorable à la création de mares à proximité de chaque habitation .
Il faut préciser qu'il s'agissait en général de deux mares dont une pour les besoins courants et l'autre dite (mare nette) pour le breuvage et la cuisine .
Leur rôle était vital jusqu'à la création d'un réseau d'eau potable dans la décennie de 1960 .
Certains de ces points d'eau avaient une vocation et un aménagement différent suivant leur destination.
L'un était réservé pour abreuver les animaux domestiques.
Un second était destiné à la lessive des familles avec des lavoirs rudimentaires composés d'un plancher de troncs grossièrement équarris , posé sur un essieu équipé de deux roues pour l'adapter au niveau du plan d'eau.
Les lavandières étaient munies de caborets douillettement garnis de paille pour s'agenouiller sur le lavoir .
Et l'on pouvait entendre à cette occasion le claquement des battoirs qui ponctuaient le bavardage souvent très cru de ces dames .
La saveur du patois Normand pouvait aussi s'exprimer au moment de puiser l'eau des mares nettes (Vas donc qu-ri un siau d'iau et prend ben soin d'écarter la canilllée avé l'broc pou n'pas ram-ner une guernouille comme la dernière fouée) .
Les mares généraient une vie aquatique très intense .
La flore très souvent généreuse et variée présentait un éventail très divers : algues qui tapissaient les fonds, roseaux sur le pourtour, joncs, jonquilles, sagittaires, lenticules et nénuphars agrémentaient le tout .
Sur les rives des saules et quelquefois des oseraies accordaient un ombrages bénéfique sur le plan d'eau .
Les familiers du milieu liquide c'étaient les poissons, capes et tanches en général, les batraciens, grenouilles et reinettes sans oublier les lézards, tritons, salamandres et aussi de temps à autre une couleuvre ou une poule d'eau traçant un sillage sur la surface .
En général chacune de ces mares avait un nom en rapport avec le lieu ou le propriétaire de la mare .
Par suite du remembrement et de l'adduction d'eau quatorze mares ont disparu dans la seconde moitié du 20éme siècle.

Mare rouge :à cause de la couleur des algues .
Mare aux chiens ( ?) :lisière de la foret .
Mare du Trou Gaillard :chemin de Villeneuve à l'Eglise .
Mare Laurent :chemin de Villeneuve à l'Eglise .
Mare du Clos Blanchard :près de l'ancien hameau de la
Mare du Coudray :près du n°3 de la rue du Coudray .
Mare Cadet :sortie nord du hameau du Coudray .
Mare des Fosses :entre le n°7 et 8 de la rue du Long Bois .
Mare Pairom :rue de la Croix du Friche .
Mare Fouaux :chemin de la Verrerie .
Mare du Cornet :près du n°1 de la Verrerie .
Mare du Haut Berville :près du chemin du Nivelotte .
Mare Sans Soure :sortie de la route du Chesne à Beaubray .
Mare du Bouquetard :hameau du Bouquetard .
En date de cette fin de siècle, vingt mares existent encore sur le territoire de la commune .
Mare des Ventes Mauxes :mare communale .
Mare Neuve .
Mare de la Ventelle :mare communale .
Mare des Grès .
Mare du Rotoir (les ratois en patois) :il s'agissait de la mare à rouir le lin située en dehors des habitations pour l'odeur putride qu'elle dégageait .
Mare du Vivier :indication d'usage .
Mare Babotte :nom du propriétaire .
Mare du Colombier :indication de lieu .
Mare Bourlier :nom du propriétaire .
Mare de l'Eglise :mare communale .
Mares du Long Bois :mares communales .
Mare Foubert :nom du propriétaire .
Mare d'en bas :mare communale .
Mare de la Verrerie :indication de lieu .
Mare du Buisson Nivelette :indication de lieu .
Mare des Minières :indication de lieu .
Mare de la Vallée :indication de lieu .
Mare des Bordeaux :indication de lieu .
Le rôle des points d'eau s'est profondément transformé mais ils gardent néanmoins une grande valeur par leur capacité de drainage des terrains, leur destination écologique et la sauvegarde de tout un environnement .
A l'aube du 21ème siècle, il faut que chaque propriétaire de ces mares soit persuadé de leur utilité sous différents aspects et non pas comme une surface perdue pur d'autre usages .

La suite : les hameaux
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